LGBT – Italie et minorités sexuelles
[Paru sur Libertés-la revue d’Amnesty International Belgique Francophone Janvier 2009]
L’Italie ne dispose pas d’une loi nationale spécifique contre la discrimination des minorités sexuelles. Selon les déclarations de Mme Carfagna, Ministre pour l’égalité des chances et ex-showgirl, il n’y a pas besoin de législation spécifique étant donné la discrimination n’existe pas en Italie. Pourtant, rien qu’en 2008, pas moins de neuf personnes ont perdu la vie à cause de leur orientation sexuelle et ce, sans compter les agressions et les cas de discrimination sur le lieu de travail. De plus, selon la législation actuelle, la charge de la preuve revient au discriminant et non au discriminé. « La faute au poids de l’Eglise catholique, au manque de sensibilisation, au mouvement GLBT qui n’a pas su se développer de façon homogène, mais la seule loi en vigueur à ce sujet est la loi du silence. » affirme Antonio Soggia, ancien président de la section turinoise de Arcigay, une des associations qui œuvrent pour la promotion des droits GLBT.
Les rares tentatives de passer des lois ayant trait à ce sujet ont échoué ou se limitent à des décrets régionaux controversés. A cause des restrictions imposées par tous les partis et des divisions au sein du mouvement GLBT, aucune loi nationale sur l’union civile des couples homosexuels ou sur l’homophobie n’a vu le jour. De fait, malgré l’adoption de la directive européenne 78/2000 sur les discriminations, l’Italie a été sanctionnée à plusieurs reprises par la Cour Européenne pour avoir transposé les dispositions européennes dans la législation nationale de façon insuffisante.
L’Italie se conforte dans son image de pays d’apparences, un pays où la politique est davantage liée au spectacle qu’aux droits des citoyens. On commence même à croire que la victoire de Vladimir Luxuria (pséudonyme de Vladimiro Guadagno), une ancienne députée transsexuelle, à une des téléréalités les plus suivies d’Italie, puisse être positive pour la visibilité des transsexuels au sein de la société. Il ne faut pas oublier que Mme la Ministre pour l’égalité des chances a posé nue pour des magazines avant d’être nommée à son poste.
[Paru sur Libertés-la revue d’Amnesty International Belgique Francophone Janvier 2009]